Le Pont Mirabeau de Guillaume Apollinaire
Apparu au début du XIXème siècle, le lyrisme
est un courant littéraire qui prône l’expression des soi, ainsi que la musicalité.
On rencontre à toutes les époques, des poètes qui privilégient ce mouvement tel
Apollinaire, poète amoureux, mélancolique, souffrant de nostalgie. Son poème
autobiographique décrivant sa rupture amoureuse avec la peintre Marie Laurencin
en 1912 après cinq ans d’une liaison orageuse est institué Le Pont Mirabeau.
Celui-ci, poème de nature lyrique, apparait dans le recueil Alcools en 1913
en second précédé du poème classique Zone. Dans quelle mesure son poème le
Pont Mirabeau est un poème lyrique ? Premièrement, du côté de sa
structure, sa forme, sa mise en page. Deuxièmement, par le contenu et les caractéristiques
de son genre.
Le poème lyrique s’affranchit des règles strictes de la
versification, laissant le poète libre de la forme et de la longueur de ses
vers, et qui donne un effet final de musicalité.
A première vue, nous remarquons que la forme de ce poème
lyrique n’est pas conventionnelle. Le poème se compose de quatre quatrains et
quatre distiques alternes. Ces distiques reviennent comme le refrain d’une
chanson, La liberté n’est pas seulement donner au poète mais laisse aussi le
lecteur libre d’interpréter le poème de la façon qui s’accorde le plus à sa
nature grâce à la forme du poème et grâce en plus, à l’absence de ponctuation.
Les rimes des quatrains suivent l’ordre ABAA, au
contraire des traditions poétiques. Elles sont aussi caractérisées comme rimes féminines
qui, d’ailleurs, accentue l’idée de la plainte et marque l’écoulement lent du
temps créant une certaine tristesse chez le lecteur. Puis les sonorités
deviennent plus fortes au troisième quatrain.
Dans une certaine mesure Apollinaire respecte les mètres,
il emploie des vers décasyllabes alternés avec un vers de quatre syllabes et
l’autre de six syllabes qui sont quand additionner forment dix syllabes, les
deux vers sont alors un décasyllabe cassé. .
Puis, le contenu… Le poète évoque des sentiments personnels,
parle de souvenirs tristes et doux que lui suggère la nature et éveille en lui
le temps et l’amour qui fuit. Nous remarquons ici, des caractéristiques
typiques d’un poème lyrique élégiaque. L’eau ici, élément de la nature, symbolise
le passage du temps provoquant la disparition de l’amour. Les trois éléments ; le temps, l’amour et l’eau
sont présents dans le poème et sont regroupés par des champs lexicaux: « passe
v.9 », « coule v.1 et v.22», « s’en va v.13» et
« courante v.13 ».
Concernant les thèmes, le thème principal de la fuite du
temps lié à l’amour perdu et l’eau courante s’oppose fortement à la permanence du
sentiment amoureux chez le poète symbolisé par le pont.
Le poème de plus, a une progression cyclique. Dans le
premier quatrain, Apollinaire se rappelle de l’amour perdu et des joies et des
peines vécues. Au deuxième, il croit que l’amour est éternel. Au troisième
vient la rupture. Les sentiments mélancoliques sont marqués par la phrase
«l’Esperance est violente v.15». « Esperance » est
personnifiée, ce qui donne plus de pouvoir à la violence. Cette contradiction
entre « espérance » et « violence » renforce le sentiment
évoquées par le poète et donne comme sens que son espoir est d’une force
nuisible. La réalisation de l’amour perdu à jamais est au quatrième. Le poète
n’arrête pas de penser. Pendant les quatre distiques, les mêmes expressions se répètent ;
« je demeure » est une affirmation de la solitude et la permanence
d’Apollinaire et «vienne la nuit », «sonne l’heure », «les jours s’en
vont » affirment le passage du temps. Les deux affirmations s’affrontent,
confirmant que son cœur est irrémédiablement brisé. L’absence de ponctuation,
enlevant les pauses, fait comprendre aux lecteurs que l’auteur désire que les
jours, les semaines passent avec fluidité comme l’eau. Cela aussi résulte que
le lecteur lise avec agilité et arrive à la dernière strophe avec vitesse. A la
dernière strophe, le public rencontre un distique répété trois fois en avant,
qui peut provoquer qu’il ait la sensation que les jours passeront toujours,
sans arrêt et que le poète demeurera détruit, incapable d’oublier son ancienne
amoureuse jusqu’à sa mort puisque « je demeure » est le dernier
vers du le poème.
Ce poème lyrique d’Apollinaire allie la modernité et la tradition.
Sentiments, nature, temps, amour, champs lexicaux appropriés et simples ; voilà
des données fixes qu’un poème lyrique doit suivre. Cela s’oppose à la forme du poème
qui essaie de se libérer avec des éléments novateurs comme l’absence de
ponctuation, les mètres cassées, etc. Une autre remarque importante est
l’annonce de la modernité du poème par le titre ; le pont Mirabeau n’est
ni un pont de bois ni un pont de pierre mais un pont métallique appartenant au
monde moderne, au monde industriel.
Le pont Mirabeau est en fait un poème très intéressant et
sa simplicité me pousse, en temps que lectrice, à m’intéresser plus au contenu.
Aussi, par rapport aux genres de poèmes répandues au temps de la publication de
ce poème, on peut le considérer comme une ‘’rébellion poétique’’. Cet acte de rébellion
(et autres actes similaires) contre les règles strictes de la structure des
autres poèmes marque-t-il le début des poèmes contemporains ?
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